Entre compliments et harcèlement : comment les entreprises peuvent tracer la ligne ?

Emma, une employée dans une entreprise, travaille depuis quelques mois sous la supervision de Marc. Marc est amical et apprécié par l’équipe, souvent perçu comme quelqu’un de charmant. Il a l’habitude de complimenter les membres de son équipe, y compris Emma, et fait souvent des blagues pour alléger l’atmosphère de travail.

Au début, Emma appréciait l’attention de Marc, qui la félicitait régulièrement pour son travail et lui disait des phrases comme « Tu es vraiment douée pour ça ! » ou « J’ai rarement vu quelqu’un d’aussi compétent ! ». Puis, il a commencé à lui faire des compliments sur son apparence, en lui disant que ses vêtements lui allaient bien et qu’ils mettaient sa silhouette en valeur. Au fil des semaines, les compliments sont devenus de plus en plus personnels, comme « Tu es vraiment magnifique aujourd’hui » ou « J’espère que tu n’as pas de rendez-vous ce soir, sinon je serais jaloux ! ». Emma commence à se sentir mal à l’aise.

Certains collègues lui disent qu’elle a de la chance d’avoir un supérieur « si gentil » et « attentionné ». Certains le trouvent « juste très charmeur » et pensent qu’Emma exagère son malaise, le considérant simplement comme « un homme qui sait complimenter les gens ».

Emma se sent piégée entre le fait de vouloir respecter sa hiérarchie et le malaise grandissant face à ce qu’elle perçoit comme des comportements intrusifs et déplacés. Cependant, comme les collègues n’y voient que de la gentillesse ou un flirt innocent, elle hésite à en parler, craignant de ne pas être prise au sérieux.

Que faire dans une telle situation en entreprise ? Caroline Simon, sexologue et coordonnatrice chez Sexplique, vous guide à travers les questions essentielles à se poser pour mieux comprendre et agir.

Quelles sont les limites professionnelles concernant les compliments, et à partir de quel moment peuvent-ils devenir intrusifs ou inappropriés ?

D’abord, un compliment à l’égard de quelqu’un ne devrait jamais porter sur ses attributs dits « sexuels ». Il est déconseillé de commenter, entre autres, les courbes ou le décolleté d’un·e collègue. Idéalement, les compliments sur le physique des gens devraient être évités. Cela permet d’éviter de tomber dans le piège des « faux compliments » comme « Ça te va bien ta perte de poids ». Cela peut aussi, tout simplement, éviter de créer des malaises et/ou de semer le doute sur nos intentions, et ce, peu importe votre genre et celui de votre interlocuteur·trice.

Comment Emma pourrait-elle exprimer son malaise tout en maintenant une bonne relation avec son supérieur, surtout si les collègues normalisent les comportements de Marc ?

La communication ! Ah, cette fameuse communication dont on parle toujours ! Nommer les choses le plus rapidement possible peut éviter un dérapage. « Tu sais Marc, malgré toutes tes bonnes intentions, les compliments me mettent mal à l’aise. »

En valorisant la transparence et la communication dans vos environnements de travail, cela favorise des milieux de travail plus sains et respectueux.

Quels signes peuvent indiquer qu’une remarque perçue comme gentille peut en réalité affecter un·e employé·e ?

Bien que non exhaustive, voici une liste de pistes qui peuvent indiquer qu’une remarque peut affecter un·e employé·e :

  • L’employé·e évite le regard ou baisse les yeux.
  • L’employé·e rit jaune ou ne rit pas du tout.
  • L’employé·e évite de croiser la personne ou d’avoir à travailler en équipe avec celle-ci.
  • L’employé·e commence à éviter les événements sociaux en lien avec le bureau.
  • L’employé·e repense souvent aux situations/commentaires.
  • L’employé·e commence à vivre de l’anxiété face au travail.
  • L’employé·e perd l’appétit.
  • L’employé·e a du mal à dormir et/ou fait des cauchemars.

Comment les organisations peuvent-elles encadrer les interactions entre supérieurs et subordonnés pour éviter de telles situations ?

Bien que non exhaustive, voici une liste de pistes qui peuvent aider :

  • Avoir une politique à jour et claire sur la non-discrimination et le harcèlement. L’afficher, la respecter et en parler.
  • Avoir des formations pour toutes les parties sur la prévention du harcèlement en milieu de travail.
  • Avoir une personne-ressource dans l’organisation pour pouvoir adresser la situation.
  • Prendre au sérieux les plaintes et commentaires et intervenir rapidement.

N’oubliez pas que la constance, la cohérence et la prévention sont trois clés pour éviter de telles situations.

Quels conseils peut-on donner à Emma pour reconnaître et poser ses limites sans se sentir coupable ou mal perçue ?

  • S’entourer de personnes de confiance pour en discuter.
  • Nommer rapidement son malaise à la personne concernée.
  • S’adresser à la personne-ressource de l’entreprise en cas de besoin.
  • Faire appel à des organismes, comme Sexplique, pour ventiler et se faire valider dans son ressenti.
  • Pratiquer à poser ses limites au quotidien avec les personnes de son entourage.
  • Vivre des réussites qui la valorisent dans sa vie privée ou professionnelle (par exemple, se fixer des objectifs dans un sport, se fixer un objectif de vente, etc.).

Pour obtenir une formation complète et gratuite sur la prévention du harcèlement en entreprise, n’hésitez pas à communiquer avec nous !